Le Grand défi du Maroc
Pour la première fois de son histoire, la Coupe du Monde se tiendra en 2010 en Afrique. Est-ce que, pour autant, le Maroc reste sur le podium des favoris ou faut-il encore que la logistique soit elle-même de la partie ?
Donc, à mi-chemin entre rêve et réalité, l'organisation de la Coupe du Monde 2010 au Maroc demeure un véritable défi. Après trois tentatives vouées à l'échec, contre les Etats-Unis d'Amérique en 1994, la France en 1998 et l'Allemagne pour 2006, le Maroc insiste toujours pour que cette rencontre footbalistique mondiale ait lieu sur son territoire. A travers cette expérience, il a obtenu respectivement 8 voix contre 10 pour Washington et 7 voix contre 12 pour Paris. Au dernier essai, il n'a été crédité que de trois voix. Actuellement et pour ce qui concerne la Coupe du Monde 2010, la situation est, désormais, tout à fait différente. Tout d'abord, l'organisation du mondial 2010 sera exclusivement sur terre africaine, fait qui augmente plus au moins les chances du Maroc.
L'autre acquis sur lequel table énormément le Comité National est la position de l'Espagne pour la tenue du mondial 2010 au Maroc. Seulement, il faut dire aussi que jusqu'à présent, le pari n'est pas gagné. Face au Maroc, il y a tout un bloc d'influence se disant convainquant. Il s'agit tout d'abord de l'homme puissant et fort de la FIFA, M. Joseph Blatère ainsi que des 24 membres du Bureau Exécutif de cette Fédération. Ensuite, le fait de réserver le mondial 2010 pour l'Afrique ne veut en aucun cas dire que le Maroc est l'unique favori. Loin de là, les autres pays candidats en lice, notamment, l'Egypte, la Tunisie, la Libye et l'Afrique du Sud ont, de leur côté, autant chances que le Maroc. Leurs atouts ne sont pas à sous-estimer. Par ailleurs le dossier technique qu'a déposé le Maroc ce mardi 30 septembre demeure étoffé et bien ficelé. Tout d'abord, côté infrastructure, un nombre important de chantiers ont été mis en œuvre. Ainsi pour les stades existants, notamment ceux de Casablanca, Rabat et Fès, ils font l'objet d'aménagements afin de répondre aux récentes normes de la FIFA. Trois stades (Marrakech, Agadir et Tanger) sont en cours de construction. Les travaux sont lancés depuis le mois de septembre 2003. D'ores et déjà, le Maroc dispose de 6 stades aux normes requises sur les 9 présentés dans son dossier de candidature (la FIFA exige du pays organisateur de mettre à sa disposition de 8 à 12 stades). Pour ce qui est des stades à réaliser, le gouvernement marocain a garanti, dans le cadre de la sélection du Maroc à l'organisation de la Coupe du Monde 2010, la construction des stades d'El Jadida et Meknès ainsi que du futur grand stade de Casablanca. Concernant la capacité hôtelière, le Maroc accueille actuellement 4,5 millions de visiteurs/an avec une capacité de plus de 100.000 lits. En 2010, il sera en mesure, selon les organisateurs, d'accueillir plus de 250 000 lits dont 180.000 se situeront aux alentours des villes de la compétition. Différentes options d'hébergement, adaptées à chaque budget, seront offertes aux visiteurs. Dans le cadre de cette rencontre sportive mondiale, la sécurité des sites sera renforcée par des systèmes multidisciplinaires. L'autre point important concerne le réseau autoroutier. A ce jour, le Maroc a construit plus de 500 km d'autoroutes qui relient les principales villes du Royaume. Le programme d'extension du réseau autoroutier permettra de connecter avant 2010 toutes les villes de la compétition. De plus, le tronçon Casablanca/Rabat sera élargi d'une troisième voie à l'horizon 2008. Les axes : (Casablanca/El jadida : le financement est bouclé et il est en cours de réalisation ; achèvement fin 2005. Settat / Marrakech : financement bouclé; achèvement fin 2006. Marrakech/Agadir : en projet; achèvement fin 2009. Quant au transport aérien, le Maroc, de par sa situation géographiquement stratégique, présente l'avantage d'être en moyenne entre 2H30 et 3H00 de vol des principales villes européennes. Actuellement, le Maroc est desservi par 45 compagnies aériennes internationales dans 32 pays et 59 destinations. Plus de 7 millions de passagers par an atterrissent sur ses 12 aéroports internationaux.
Feed Back
Dans ce sens et dans le cadre de la libéralisation du transport aérien, ce trafic aura augmenté de 560 voles hebdomadaires (été 2003) à 1.200 voles hebdomadaires en 2010. Afin de suivre cette évolution, le Maroc aura une capacité aéroportuaire moyenne de 48.000 passagers/jour contre 38.000 aujourd'hui. Par ailleurs, une étude a été réalisée au sujet des impacts stratégiques liés à la tenue de la Coupe du Monde.
Il ressort de cette analyse que l'organisation de cet événement serait bénéfique pour le Royaume, non seulement sur le plan économique (à savoir un investissement de l'ordre de 2 milliards d'Euros générant une création de valeurs de l'ordre de 4 milliards d'Euros, des rentrées fiscales de près de 1 milliard d'Euros et la création de 300 000 à 400 000 emplois permanents) mais aussi sur le plan stratégique, social et diplomatique. L'effet de la Coupe du Monde au Maroc pourrait représenter, pour l'année 2010 seulement une production additionnelle de l'ordre de 1,5 milliard d'Euros, soit près de 3IB du pays. Le secteur touristique en est certainement l'un des grands bénéficiaires. D'après cette étude, le nombre de téléspectateurs de par le monde et la couverture médiatique omniprésente de l'événement, pendant et après 2010, généreront des bénéfices d'image équivalents à 15-25 ans de campagnes de publicité intensives. En terme de répercussion à court terme sur ce secteur, la Coupe du Monde attirera plus de un million de visiteurs supplémentaires sur la seule période 2009-2011. Ce nombre peut être imputé directement (770 000 supporters attendus) et indirectement (200 000 touristes par an attirés du fait de la visibilité accrue du Maroc) à la compétition proprement dite. Les investissements planifiés au niveau de l'Etat mais accélérés du fait de la Coupe du Monde afin de permettre une bonne organisation de l'événement comprennent des investissements en infrastructures sportives, ainsi que d'autres dans les domaines du transport, santé publique et tourisme. Les infrastructures qui concernent de près ou de loi ce grand événement ne doivent pas faire défaut. La moindre erreur pourrait coûter cher au pays. Dans tous les cas, le point d'ancrage du dossier du Maroc est prévu pour le 20 mai prochain. Une date qui marquera sans aucun doute l'aboutissement d'une vision de mise en valeur des atouts de notre pays.
